Jours 2 à 5 : Sept-Iles

Publié le par Julie

    Sept-Iles, c'est en quelque sorte la dernière ville avant le bout du monde. Activités industrielles au milieu de l'immensité de la forêt boréale, en bordure du fleuve. Sur les hauteurs de la presqu'île, la neige est encore bien présente. En face, c'est la plus grosse aluminerie d'Amérique en terme de production annuelle, principal employeur de la ville. La route n'est arrivée ici qu'il y a une cinquantaine d'années à peine, la ville est donc jeune. Je passe là quelques jours ; la grisaille m'incitera à récupérer le retard de sommeil accumulé ces dernières semaines.
    Première promenade sous le soleil, je me dirige immancablement vers la mer. La baie est magnifique, la mer, transparente. Brise marine. Il y a encore un peu de glace dans la marina. Réminiscences de sud tunisien. Est-ce le côté bordélique, les bâtiments délabrés, les constructions inachevées, le charivari de fil électriques ? Ou les rues mangées par le sable ? Les gros pick-up Ford me ramènent en Amérique. Le bureau d'information touristique vaut le détour, rien que pour l'état de la bâtisse. Cube de briques rouges dont l'enseigne délavée mesure le quart de la façade. Le vent semble souffler en permanence sur cette petit ville. Au-delà, s'égrainent les villages de pêcheurs de la Côte Nord.















    La météo des jours suivants est digne d'un mois de novembre normand. Balade dans les rues de Uashat, réserve innue. Nous sommes ici dans un autre monde, bien loin du Québec. Derrière la fenêtre barriolée de la garderie, un jeune garçon me regarde passer. Je lui renvoie son sourire. Visite du musée Shaputuan, petit musée sans prétention, regroupant une expo permanente sur les traditions innues, et une expo temporaire réalisée par des artistes locaux. L'accueil qui m'est réservé est tout simplement extraordinaire. Jean, le directeur du musée, vient à ma rencontre et me parle des traditions de son peuple. A ce moment là je n'ai plus qu'une envie : qu'il ne s'arrête jamais de parler ! Je ne suis jamais ressortie aussi enrichie de la visite d'un musée. Et émue, de ce partage démesuré de connaissances.


    Le coup de vent ne passe pas, je reporte donc ma sortie vers la rivière Moisie, mythique rivière à saumons. Balade du côté du port de pêche, si paisible sous la bruine. Le cri d'un goéland, le ronronnement d'un bateau donnent un peu de vie sonore à ce décor monochrome. Sept-Iles, avec sa promenade aménagée sur les bords de l'eau, me fait penser à un Mimizan des 50èmes.








    1er mai : il neige ! De gros flocons chargés d'humidité s'écrasent au sol. Décidément, l'hiver joue les prolongations. Je prolonge moi aussi mon séjour à Sept-Iles, et poursuivrai ma route vers Havre St-Pierre demain. Le Québec ne cessera donc jamais de m'étonner. Il y a quelques jours je me promenais en t-shirt, aujourd'hui je marche dans une fine couche de neige fraîche ! 1er mai, jour des surprises. J'envoie un mot à Laura, qui profite pleinement du soleil mexicain, lorsque je sens une présence à côté de moi. Sylvain ! Alors ça... On peut dire que je ne m'y attendais pas. Il est arrivé à Sept-Iles dans la soirée, avec l'intuition que j'y serai. Il s'en fallait de peu pourtant, s'il avait fait beau je serais partie le matin même vers Havre St-Pierre. Vraiment contente de le retrouver.



Publié dans Québec

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