Marathonissi

Publié le par Julie

     Après le dîner, je pars avec Chris et Benny pour ma première nuit sur le terrain, sur l'île "à l'allure de tortue", Marathonissi, dans la baie de Lagana. Une demi-heure de traversée en zodiac avant de mettre pied à terre sur cette île déserte occupée seulement, à cette heure de la journée, par deux gardiens du Parc national marin. Toute l'île est faite de reliefs plongeant en falaises dans l'eau chaude et bleue, à l'exception d'une petite langue de sable blond qui s'avance tranquillement dans la baie. Nous patientons, attendons la nuit dans ce cadre idyllique. Mes compagnons ce soir sont Gallois et Australien ; j'exerce mon anglais ! Vers vingt-deux heures, lorsqu'il fait suffisamment sombre, nous entamons une série de rondes sur la plage. Toujours en suivant la ligne de rivage, de manière à ne pas marcher sur les nids que les tortues installent vers le haut de la plage, là où le sable est plus sec. Dames tortues tardent à arriver cette nuit. Vers deux heures trente, une première sort de l'eau et tente de faire son nid, mais avec une nageoire abîmée elle n'y parviendra pas. Ne souhaitant pas nous coucher bredouilles, nous jouons les prolongations. 3 heures. 4 heures. Rien. Nous nous apprêtons à aller dormir quand une masse noire se hisse hors de l'eau, se dirige vers l'arrière de la plage. Elle creuse le nid dans le sable, étonnemment habile avec ses grosses nageoires. Vient la ponte. Allongés derrière la bête, nous patientons, écoutons son souffle régulier comme la respiration d'une personne âgée endormie. Quel âge a-t-elle, cette majesté marine ? Pendant qu'elle recouvre de sable sa centaine d'oeufs, nous la mesurons, lisons ses deux bagues, vérifions d'éventuelles blessures sur la carapace ou les nageoires, et marquons le nid de manière à le retrouver demain matin. Elle se laisse faire, imperturbable, et poursuit son travail avant de s'en retourner vers la mer. Elle glisse dans l'eau, plonge la tête, disparaît. Il est finalement près de cinq heures quand nous nous glissons dans nos duvets, la tête sous la moustiquaire, pour deux précieuses heures de sommeil.

     Les premiers rayons du soleil parviennent jusqu'à notre petite plage et nous réveillent en douceur. La nuit ayant été calme, le travail du matin est rapide. En une demi-heure nous avons localisé le nid et reporté sa position dans le cahier, et effacé les traces laissées par la tortue afin de ne pas les confondre en revenant ce soir. De retour vers Kalamàki, nous nous offrons une rapide baignade en attendant notre chauffeur. La journée sera consacrée à la sieste. Farniente, torpeur et chaleur.

     Ce soir nous repartons pour une seconde nuit à Marathonissi ; Nick nous accompagne. La traversée est un peu plus agitée qu'hier ; la nuit sera calme. Nick est très pédagogue, et avec l'expérience d'hier je profite mieux des évènements. Cette tortue-là n'est pas baguée : deux trous dans les nageoires, elle ne réagit même pas ! Impressionnante de pacifisme. Grand moment, comme le sera chaque instant passé aux côtés de ces "mamas" qui ressortent de l'eau pour venir pondre sur la plage où elles sont nées.

     Après le travail de localisation du matin, nous quittons Marathonissi. Nous coupons le moteur du zodiac quelques centaines de mètres avant la plage de Lagane pour une baignade prolongée. Pur bonheur ! Je passerai une bonne partie de la journée à récupérer tant bien que mal de la fatigue des deux dernières nuits. En soit dormir le jour ne me dérange pas, mais même le sommeil est fatigant par cette chaleur. Je pense à la neige québécoise, dont je parlais hier avec Agnes la Suédoise...


Publié dans Grèce

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